Aller au contenu
Background Image
  1. Articles/
  2. CISSP/
  3. I. Security and Risk Management/

La continuité d'activité : fondamentaux pour la résilience des entreprises

Auteur
Jacint BALINT
DevOps Engineer
Security and Risk Management - Cet article fait partie d'une série.
Partie 7: Cet article

À l’ère de la digitalisation et de la multiplicité des risques, la résilience organisationnelle n’est plus une option mais une nécessité. La continuité d’activité (Business Continuity, BC) représente l’aptitude d’une organisation à poursuivre ou à rétablir rapidement ses fonctions essentielles en cas de perturbation, qu’il s’agisse d’un incident mineur (panne de courant, absence d’un collaborateur clé) ou d’une catastrophe majeure (séisme, cyberattaque, incendie). Contrairement à la gestion de catastrophe (Disaster Recovery, DR), centrée sur la récupération après sinistre, la BC vise à garantir la persistance des opérations vitales, en intégrant une vision anticipative et globale de la gestion des risques.

Pourquoi la gestion de la continuité d’activité est-elle capitale ?
#

  • Minimiser les pertes financières
  • Protéger la réputation de l’entreprise
  • Satisfaire aux exigences légales ou contractuelles
  • Garantir la confiance des parties prenantes et du marché
  • Répondre et s’adapter à un paysage de menaces évolutif

Business Continuity Management (BCM) : Une approche holistique
#

Le management de la continuité d’activité (Business Continuity Management, BCM) structure et intègre la résilience dans tous les pans de l’organisation. Il s’appuie sur plusieurs piliers :

  • La politique et la gouvernance : définir rôles, responsabilités, portée et objectifs stratégiques (policy)
  • L’identification des processus critiques et des ressources associées (critical business functions)
  • La préparation, la sensibilisation et la formation de l’ensemble des acteurs
  • Le pilotage, la validation, l’amélioration continue du plan

L’implication du top management, la mise à jour régulière des plans, et l’intégration avec les processus de sécurité (“security program”) sont déterminants. Un plan statique perd rapidement sa pertinence dans un environnement mouvant.

Business Impact Analysis : La clé pour prioriser les risques
#

La Business Impact Analysis (BIA) est l’outil fondamental pour identifier et hiérarchiser les priorités en matière de continuité. Son objectif ? Comprendre les conséquences d’une interruption sur chaque fonction critique et déterminer les ressources indispensables à la survie de l’organisation.

Quelles sont les étapes clés de la BIA ?
#

  1. Sélection des parties prenantes à interviewer
  2. Élaboration de méthodes de collecte de données (entretiens, questionnaires, analyses qualitatives et quantitatives)
  3. Repérage des fonctions métiers prioritaires (critical business functions)
  4. Identification des ressources et dépendances essentielles (dependencies)
  5. Estimation de la durée maximale tolérable d’interruption (Maximum Tolerable Downtime, MTD)
  6. Analyse des vulnérabilités et menaces spécifiques par fonction
  7. Calcul et évaluation des risques associés
  8. Rédaction d’un rapport de recommandations à la direction

Chaque menace doit être analysée selon des critères de perte : réputation, avantages concurrentiels, coût opérationnel, conformité, revenu, productivité, coûts cachés.

Le rôle de la MTD
#

Définir la Maximum Tolerable Downtime (MTD) pour chaque processus permet d’ordonner les plans de reprise et de prioriser les ressources dans les situations d’urgence :

  • Non essentiel : 30 jours
  • Normal : 7 jours
  • Important : 72 heures
  • Urgent : 24 heures
  • Critique : quelques minutes à quelques heures

Implémenter la business continuity : méthodologie inspirée de NIST SP 800-34
#

L’approche recommandée, inspirée notamment du standard NIST SP 800-34, suit plusieurs étapes structurées :

  1. Rédaction de la politique de continuité et attribution claire des rôles [policy statement]
  2. Réalisation de la BIA : identification des fonctions/références critiques et leur vulnérabilité
  3. Mise en place de contrôles préventifs (preventive controls)
  4. Définition des stratégies de reprise (contingency strategies) pour chaque pan critique : processus métier (business process), installations, technologies, environnement utilisateur, données
  5. Élaboration d’un plan de contingence détaillé (contingency plan)
  6. Formation, exercices et tests pour valider l’efficacité et la compréhension du plan
  7. Maintenance : révision régulière, intégration aux changements organisationnels, communication

Les dépendances externes : La dimension oubliée
#

Aucune entreprise n’opère en silos. Les dépendances externes (external dependencies) — fournisseurs, prestataires de services, partenaires — font partie intégrante de l’écosystème d’affaires. Elles créent cependant des risques spécifiques.

Risques liés à la chaîne d’approvisionnement (supply chain risks) :
#

  • Introduction de matériel ou logiciels compromis (hardware/software Trojan)
  • Substitution de composants par des contrefaçons
  • Vulnérabilité introduite par des partenaires ou sous-traitants moins matures en sécurité
  • Défaillance de service clé chez un tiers (cloud provider, MSP, SaaS)
  • Transfert de risque insuffisant lors de l’externalisation (on ne peut pas “outsourcer” le risque)

Bonnes pratiques :
#

  • Cartographier l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement (supply chain map)
  • Évaluer les fournisseurs : niveau de maturité sécurité, certifications (ISO 27001, PCI DSS, SOC2, etc.), historique d’incidents
  • Contractualiser précisément les exigences de sécurité, de confidentialité et de continuité avec chaque fournisseur (service level agreement/SLA, NDA)
  • Exiger des audits externes réguliers et une transparence sur les plans de continuité des partenaires
  • Intégrer les dépendances externes à la BIA et au plan de continuité (BCP)

Indicateurs de succès et gouvernance
#

Pour évaluer l’efficacité de la démarche, il s’agit d’adopter des indicateurs concrets :

  • Identification et réduction des “single points of failure” (points de défaillance unique)
  • Maîtrise et documentation des risques liés aux compétences critiques (skills shortages)
  • Prise en compte proactive des risques liés aux fournisseurs et aux prestataires
  • Adoption d’un processus d’amélioration continue (continuous improvement), incluant requalification régulière des scénarios de risques, intégration dans la gestion du changement et alignement avec les objectifs business

Conclusion
#

La Business Continuity n’est pas un projet mais un processus vivant, transversal, fondé sur la compréhension fine des processus critiques et des interdépendances internes et externes. Elle doit être soutenue par une solide gouvernance, régulièrement testée et adaptée, pour garantir que l’organisation saura non seulement survivre aux crises, mais aussi exploiter la résilience comme avantage stratégique.

Security and Risk Management - Cet article fait partie d'une série.
Partie 7: Cet article

Articles connexes

Comprendre la gestion des risques de la chaîne d’approvisionnement